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Gaming vs. eSport : quelle différence ?

Avec la popularité croissante de l'eSport et l'augmentation du chiffre d'affaires du secteur, la frontière entre l'eSport et le casual gaming s'est de plus en plus estompée. Néanmoins, certains facteurs permettent de faire clairement la différence.

Qu'est-ce que le gaming?

Théoriquement, chaque fois qu'une personne joue à un jeu vidéo, c’est une « gameuse ». Cela inclut aussi bien les championnats de League of Legends que des parents qui font des sudokus sur leur smartphone. Le gaming est parfois compétitif, mais pas toujours. Ce terme inclut tous les modes de jeu, que ce soit en solo ou en multijoueur.

Qu'est-ce que l'eSport?

On peut pratiquer le gaming sans être un eSportif ou une eSportive. En revanche, on ne peut pas être un eSportif ou une eSportive sans pratiquer le gaming. C’est toute la différence ! Le terme « eSport » désigne le fait de jouer à des jeux vidéo de manière amateur ou professionnelle, dans un esprit de compétition.

L'eSport est un sport comme un autre, sauf que les joueurs et les joueuses passent des heures à jouer à des jeux vidéo comme CSGO, League of Legends, Call of Duty ou Fortnite, au lieu de jouer au basketball, au hockey sur glace ou au football. Tous les jeux sont également dotés d'un ensemble de règles, de terrains et d'une infrastructure de compétition qui comprend joueurs et joueuses, équipes, ligues, public et organismes de diffusion.

Les eSportifs et eSportives ont principalement besoin d'une bonne condition mentale, même si jouer pendant des heures à un niveau compétitif exige également une bonne condition physique.

Comme pour les sports traditionnels, l'eSport oppose des équipes ou des individus. Il existe différents modes de compétition :

• compétition directe (comme sur League of Legends)
• compétition indirecte (comme pour les jeux de speedrun)

Les speedrunners se battent les uns contre les autres pour terminer un jeu en un temps record, mais n'interagissent jamais vraiment entre eux au sein d'un même jeu.

L'importance de la filière de l'eSport au niveau international

Le secteur de l'eSport a connu une croissance considérable au cours des dix dernières années, tant en termes d'audience que de revenus financiers. En 2021, l'eSport a généré un chiffre d'affaires mondial de 1,14 milliard de dollars. Il n'existe pas encore de chiffres précis pour l'année 2022, mais on estime que le chiffre d'affaires a atteint environ 1,38 milliard de dollars américains. On s'attend même à plus de 1,8 milliard de dollars US d'ici 2025 : une croissance fulgurante qui ne devrait pas s'essouffler malgré les restrictions imposées par la pandémie de coronavirus et l'annulation des grands événements.

C'est surtout l'augmentation du nombre de spectateurs et spectatrices qui a contribué à la croissance du chiffre d'affaires. 489,5 millions de personnes dans le monde se sont passionnées pour l'eSport en 2021. Ce chiffre représente près de 6 % de la population mondiale.

Les grandes entreprises qui investissent fortement dans la scène eSport l'ont également remarqué. La majeure partie des revenus provient du sponsoring et de la publicité, le reste provient des droits de diffusion, des redevances des éditeurs, des ventes de produits dérivés et de billets, ou encore des parts de streaming.

En comparaison au niveau international, l'Asie et l'Amérique du Nord représentent les deux plus grands marchés de l'eSport en termes de chiffre d'affaires, la Chine en représentant à elle seule près d'un cinquième. En 2019, le chiffre d'affaires du eSport en France a été estimé à 50 M d'euros. Bien que le pays comptait parmi les plus performants du secteur, la France perd sa place au top 10 dès 2022.

Le développement de l'eSport à l’international

Le phénomène mondial de l'eSport ne fait plus aucun doute. Les débats portent désormais sur les pays qui parviennent à produire de manière constante les meilleurs joueurs mondiaux. Dans ce contexte, les immenses sommes d'argent mises en jeu jouent un rôle non négligeable. Les États-Unis, la Chine et la Corée du Sud sont de loin les pays ayant remporté le plus de gains au niveau mondial. En quatrième position, on retrouve la Russie avec plus de 8,5 millions de dollars américains et en cinquième position, le Brésil. En comparaison, la France se trouve à la 11e place.

Quelques faits insolites sur l'eSport

eSport : 1, Super Bowl : 0
En 2019, la grande finale du championnat du monde de League of Legends a attiré plus de spectateurs que le Super Bowl (+ de 100 millions de personnes).

Premier tournoi en 1980
Le premier tournoi officiel d'eSport a été organisé par Atari en 1980. Près de 10 000 jeunes se sont affrontés pour obtenir le meilleur score au jeu d'arcade Space Invaders.

Les Silver Snipers : l’équipe pro la plus âgée au monde
Cette équipe de Counter-Strike est composée de cinq personnes âgés de 64 à 76 ans. Les Silver Snipers, originaires de Suède, ont déjà remporté la Seniors World Cup.

L’eSport à la fac
La popularité de l'eSport a tellement augmenté ces dernières années qu'il existe même des cursus universitaires consacrés à ce secteur. On y apprend les bases de la gestion d'entreprise, du game management aux techniques de communication, et bien plus encore.

La France et son profil de jeu

Même en politique, l’importance de l’eSport n’est plus ignorée. Le gouvernement travaille depuis 2019 sur la « stratégie eSport 2020-2025 » visant à améliorer l’attractivité, la structuration et l’inclusion du secteur, tout en voulant accueillir et organiser de grandes compétitions internationales, voire même organiser des actions de sensibilisation dans les écoles.

Loin devant le cinéma et la littérature, le jeu vidéo est la première industrie culturelle de France. Selon le baromètre France eSports, la France comptait 10 800 000 de fans d’eSport en 2022, soit 22 % des internautes de plus de 15 ans qui regardent des compétitions et/ou pratiquent l’eSport. Et pour contrer l’image du geek qui ne sort pas de chez lui : 85 % des fans d’eSport pratiquent au moins une activité physique régulière. Tandis que côté sorties culturelles : selon chaque activité, entre 43 et 78 % des personnes interrogées sont allées au cinéma, au musée, voir une exposition, un concert ou un événement sportif cette même année.

Même les grands clubs de football se sont mis à l’eSport et ont leurs propres équipes. Par exemple, le PSG ou l’Olympique de Marseille, elle-même fondée par Antoine Griezmann, participe à des compétitions FIFA, où un salaire fixe de 10 000 euros par mois peut-être espéré par les joueurs professionnels.

En parallèle, d’observer une présence croissante d’équipes d’eSport dans le milieu, de plus en plus de joueurs individuels connaissent également un grand succès à l’international. Alors qu’en 2021, un seul joueur français faisait partie du Top 200 au classement mondial, on compte 6 Français en 2022. Le meilleur joueur français se place à la 4e place. En termes de gains, Sébastien (Ceb) Debs a raflé près de 6 millions de dollars américains grâce au jeu Dota 2. Le graphique suivant résume la situation de la France dans le secteur de l'eSport.

Les pros de l'e-sport dans le monde : qui sont ces personnes et combien gagnent-elles ?

Pour de nombreux gamers et gameuses, cette activité a débuté lors de soirées LAN (tournoi en réseau local) dans les caves et les salles d'ordinateurs de leurs domiciles. Aujourd’hui, les parties se déroulent dans d’immenses salles remplies de milliers de spectateurs et spectatrices. Chaque jour, plusieurs heures d'entraînement leur permettent d'affiner leur technique et de battre leurs propres records, mais aussi les records des autres. Le but est de gagner la compétition face à leurs rivaux.

Qui sont les génies de l'eSport ? D'où viennent ces personnes et à combien s'élève leur salaire?

Top 6 des gamers pro masculins au classement mondial selon leurs gains

D'où proviennent ces sommes élevées?

Tout comme dans le sport traditionnel, les compétitions sont au cœur de l'eSport. Il existe d'innombrables tournois locaux qui ne rapportent pas beaucoup d'argent. Ils sont destinés à passer en revue tout le vivier de gamers/gameuses et découvrir de nouveaux talents.

Au cas où il faudrait encore convaincre qu'il y a vraiment de l'argent à gagner dans les compétitions d’eSport, voici une liste des plus gros gains par jeu (cela devrait lever le moindre doute). Ces sommes augmentent chaque année. Par exemple, le tournoi Dota 2 « The International 2021 » a offert une récompense d'environ 40 millions de dollars américains et reste à ce jour le tournoi d’eSport le mieux rémunéré au monde.

Les femmes dans l'eSport : où en est-on?

Bien que les femmes représentent environ 30 % du public et constituent une part croissante des personnes qui pratiquent le gaming, elles sont largement sous-représentées dans les compétitions les plus importantes et les plus rémunératrices. Pas une seule femme n'est parvenue à se hisser parmi les 100 finalistes de la Fortnite World Cup 2019, où 30 millions de dollars de gains étaient en jeu.

En 2021, l’information diffusée par Europe 1 mentionnait 51 % de gameuses parmi les 36 millions de personnes adeptes des jeux vidéo. Malgré cela, les mesures nécessaires pour permettre aux femmes de se faire une place dans l'eSport professionnel au niveau national et international font défaut. D’après Women In Games, on compte seulement 6 % de femmes représentées sur la scène eSportive française.
Une vidéo du Monde tente d’expliquer cet écart : « Si on prend les 10 jeux les plus pratiqués dans l’e-sport, et avec le plus grand nombre de tournois en 2022, ce sont tous des jeux vidéo d’affrontement, pratiqués par moins de 10 % de femmes. (…) Une découverte tardive des jeux d’affrontement, parfois découragées par l’entourage, un retard difficile à rattraper : tout cela pénalise donc les femmes qui se lancent dans l’e-sport amateur. (...) Mais au niveau professionnel, c’est encore moins que ça. Les équipes mixtes et féminines sont presque totalement absentes des tournois internationaux. »

Voici toutefois le classement des meilleures joueuses professionnelles dans le domaine du eSport.

Top 6 des joueuses eSport les plus performantes par jeu

Culture toxique dans l'eSport : les femmes sont les plus touchées

Ce n'est un secret pour personne : le milieu du jeu ou de l'eSport est largement dominé par les hommes. La communauté du jeu vidéo a encore un long chemin à parcourir en termes d'intégration et de traitement des joueuses.

C'est un fait : les femmes n'ont pas la vie facile au sein de la communauté. Les propos sexistes et les menaces ne sont pas rares et sont même déjà rapportés régulièrement par les streameuses françaises. L’eSport n’y échappe pas, c'est ce que confirme l'eSportive, Annika Lambertz « mediKa », qui joue pour l'équipe VALORANT au sein de l'Acend eSports Club : « en tant que femme, on est toujours confrontée au sexisme et au cyberharcèlement dans le milieu du jeu. » Même le talent et le succès ne les protègent pas du harcèlement. Les joueuses professionnelles ou amatrices d'eSport disent souvent qu'elles ne se sentent pas respectées par leurs coéquipiers masculins. Toutes les femmes pratiquant l'eSport sont confrontées tôt ou tard au harcèlement, que ce soit de la part de fans, d'adversaires ou même de coéquipiers et coéquipières.

72 % des joueuses britanniques ont déclaré avoir déjà été victimes de harcèlement en ligne. Parmi les principales causes, on trouve les insultes (50 %), l'envoi de messages inappropriés (41 %) et le harcèlement sexuel (35 %). 14 % ont même reçu des menaces de viol.

Résultat : pour se protéger, 20 % des femmes cachent leur identité féminine et 20 % arrêtent de jouer complètement par peur d'être harcelées par des hommes sur Internet. Bien que ces chiffres proviennent d'une étude britannique, les femmes partagent des expériences similaires dans le monde entier.

Le fossé entre les deux sexes est aussi important que dans des sports comme le football ou le basketball. Que ce soit en termes de salaire, de possibilités de carrière, de subventions, d'infrastructures fiables, les femmes subissent également un retard dans l'eSport.

Le manque de financement ou de reconnaissance envers les femmes fait naître l'idée d'organiser des tournois exclusivement féminins. Ceux-ci ont gagné en popularité au cours des dernières années. Depuis 2017, le festival d'eSport GIRL GAMER propose des tournois de haut niveau dans de nombreux jeux différents. Même les grands tournois d'eSport comme le Melbourne Open proposent désormais des événements exclusivement réservés aux femmes.

Les tournois exclusivement féminins restent toutefois un sujet controversé, car ils ne s'attaquent pas directement à la cause du problème et ne contribuent donc pas vraiment à le résoudre. Toutefois, ils offrent à de nombreuses filles et femmes un véritable espace sécurisé dans lequel elles peuvent s'épanouir librement et se sentir protégées. Pour autant, on ne peut pas dire que ces tournois protègent contre les jeux multijoueurs en ligne toxiques, dans la mesure où ces tournois ne représentent qu'une petite partie de la communauté. Par conséquent, les entreprises, les organisateurs d'événements et l'ensemble de la communauté du gaming sont toujours appelés à se pencher sur le thème du harcèlement envers les femmes et de passer à l'action. En effet, les mesures existantes ne sont pas suffisantes et doivent être renforcées.

Pro du eSport : un métier de rêve vraiment accessible?

L'e-sport devient de plus en plus populaire tout en se professionnalisant. Contrairement à l'idée que s'en faisait l'ancienne génération, l'expression « joueur(se) professionnel(le) » est aujourd'hui un véritable métier et peut financer bien plus que le nécessaire pour subvenir à ses besoins. Une carrière dans l'eSports est donc particulièrement attrayante pour les jeunes gamers et gameuses.

Est-ce difficile de devenir joueur ou joueuse pro?

L'eSport n'étant pas une activité facile, les chances de devenir professionnel(le) sont malheureusement assez faibles (0,00008 %). En règle générale, il est essentiel que les motivations qui poussent à devenir professionnel(le) soient bonnes. L'argent ne devrait jouer qu'un rôle secondaire, les éléments suivants sont considérés comme plus efficaces :

• Plaisir de jouer
• Esprit d'équipe
• Attrait pour la compétition
• Persévérance
• Talent
• Assiduité
• Volonté

La plupart des joueurs et joueuses occasionnels ne vont pas loin. Le temps passé sur un jeu est ce qui différencie l'amateurisme du professionnel. Les joueurs et joueuses doivent jouer et rejouer les maps, les runs et les niveaux pour pouvoir se distinguer en tant que professionnel(le) de l'eSport. Pour atteindre ce statut, il faut en effet être plus rapide et meilleur(e) que ses rivaux. Comme dans tous les jeux et sports compétitifs, il est nécessaire de s'entraîner pendant des heures pour garder ses réflexes, son niveau et sa technique intacts tout en s'améliorant constamment.

Notez au passage que les équipements préférés pour jouer ne diffèrent pas entre les hommes et les femmes : il s'agit surtout du casque, de la manette, des écouteurs et du clavier.

Plateformes de streaming & eSports

Quiconque s'intéresse un tant soit peu aux jeux vidéo ne peut ignorer Twitch. C'est LA plateforme pour voir et être vu(e). Les joueurs et joueuses du monde entier se disputent des records incroyables sur Twitch, avec des audiences pouvant atteindre 2,5 millions de personnes en 2022 et comptant des milliards d'heures de streaming. Chaque mois, la plateforme de streaming présente de nouveaux records internes. Qu'il s'agisse du nombre de spectateurs, de streamers et streameuses ou de chaînes, Twitch est le numéro un absolu.

Selon notre enquête, plus de la moitié des personnes interrogées suivent aussi bien des femmes que des hommes sur Twitch. Près de 16 % des 1 000 personnes interrogées préfèrent toutefois suivre des joueurs masculins.

Pourquoi les plateformes de streaming sont-elles si importantes pour l'eSport?

La pandémie du coronavirus a mis un coup d'arrêt aux activités dans le monde de l'événementiel. Si le nombre de personnes participantes et spectatrices a fortement diminué dans le sport traditionnel, la croissance de l'eSport et du gaming s'est quant à elle accélérée.

Alors que les audiences de jeux en direct s'élevaient à 625 millions de personnes en septembre 2019, elles atteignaient 1,1 milliard en septembre 2022. Plus de 15 millions de personnes regardent des contenus gaming sur Twitch, soit une augmentation de plus de 100 % de l'audience en 2022 par rapport à 2019.

La nature déjà numérique des événements de eSports ont permis aux organisateurs de les déplacer vers des plateformes de streaming telles que Twitch et YouTube et la disponibilité du public a permis d'y participer. Certains tournois d’eSport ont ainsi pu avoir lieu malgré la pandémie, où les fans d'eSport ont pu continuer à suivre leurs équipes et leurs idoles en compétition avec d'autres joueurs et joueuses.

Les plateformes de streaming et l’eSport étaient déjà étroitement liés même avant la pandémie. Avec près de 350 millions d'heures de visionnage et 3,5 millions de personnes, League of Legends a été le jeu de eSport le plus regardé en 2019 sur des plateformes de streaming comme Twitch et YouTube.

Une fois encore, la comparaison montre clairement que la popularité des plateformes de streaming a énormément augmenté au cours des dernières années. Par exemple, en 2022, les jeux Overwatch 1 et 2 ont été diffusés en streaming pendant 42,5 millions d'heures.

Le classement suivant présente les meilleurs jeux sur Twitch en fonction du nombre total d'heures de visionnage, incluant les heures de visionnage en eSport pour chaque jeu.

Les jeux de eSport les plus regardés sur Twitch